Merci pour le partage. Article intéressant, mais un peu lieux communs sur certains points. Et je vais moi aussi (en toute immodestie assumée

) prendre le contrepied de certains de ces points, notamment ceux consacrés à l'efficace coopération franco-allemande:
Le Transall? Certes très aimé de ses équipages. Mais 2 fois plus cher qu'un Hercules pour une autonomie et une charge utile inférieur, sous-motorisé, quasiment pas exporté (revente d'occasions allemandes pour la Turquie; 6 C-160Z pour une Afrique du Sud sous embargo qui n'avait peut-être pas trop le choix; et 4 exemplaires civils en Indonésie...). Bien sûr il a rendu de grands services. Bien sûr il a fait travailler des ouvriers français et allemands. Mais pour une capacité industriellement non stratégique.
L'Alphajet: excellent avion d'entraînement (pour la France) mais farce d'un avion d'attaque au sol pour l'Allemagne, qui, heureusement, n'a jamais eu à l'envoyer au combat contre les forces du pacte de Varsovie. Surtout: brillant début de production (avec 175 exemplaires pour chacun des 2 pays, c'est-à-dire beaucoup, beaucoup plus que ce qui était nécessaire pour la mission (on attend un ratio trainers/avions de combat de 1/10, donc avec une soixante d'Alphajet E +/- une quinzaine pour la PAF il y avait le compte). Et des exportations initiales. Mais par la suite démantèlement de la chaîne et non modernisation: le Hawk britannique, moins bien né, est toujours proposé à la vente avec des versions beaucoup plus récentes...
Pour ces deux programmes: volonté politique de faire franco-allemand, volonté française d'indépendance nationale, volonté allemande de reconstruire une industrie aéronautique (Transall) et de développer le lien politique avec la France (Alphajet, dont la Luftwaffe n'avait absolument pas besoin). Mais l'efficience économique n'a pas fait partie des critères...
L'Atlas? OK, malgré les vicissitudes du programme c'est/ce sera un excellent avion et peut-être un avion exportable en dehors des pays impliqués (à ce jour la seule Malaisie pour 4 exemplaires). L'article rappelle lui-même les erreurs de conduite du programme, et c'est bien ce qui inquiète dans les récentes difficultés du SCAF, donc je n'insiste pas.
Le Tigre? Bel hélicoptère, un peu exporté, mais les Australiens le retirent rapidement, et les Allemands semblent-ils ne veulent pas le moderniser. Probablement est-il adapté aux tactiques de combat de l'ALAT qui ne sont pas celles d'autres pays (cf. p.ex. l'utilisation des Gazelle et de quelques Tigre français en Lybie, versus celle des Apache britanniques: rase-motte par nuit noire pour les 1ers, 10 000 ft mini pour les seconds). Refus allemand du fenestron (trop français!) pourtant d'un intérêt réel sur un hélico de cette taille. Et que les Allemands ont depuis adopté... (H145M).
Le programme MAWS? Franchement, je ne vois aucune possibilité financière pour la partie plateforme aéronautique du programme, faire un A320 PatMar coûtera trop cher en développement pour un avion qui arrivera trop tard pour être exporté, le créneau ayant été pris par le P-8A.
Or les Allemands de 2020 ne sont plus ceux de 1958 (Transall) ou 1970 (Alphajet). En clair, ils ne veulent pas payer pour défendre la sourcilleuse indépendance française. Et ils veulent un retour sur investissement. Et ils ont un parlement très rétif aux exportations.
Donc: faisons avec eux (le SCAF) si et seulement si le programme est conduit avec une vraie logique industrielle (le maître d'œuvre est celui qui a la meilleure expertise, et choisit lui-même les sous-traitants.