Un Epsilon de Cartouche Doré s'écrase au sol de la BA709
(c) François GOUBAULT / Charente Libre
Le 14 décembre dernier, lors de la dernière sortie publique de la patrouille Cartouche Doré, fleuron de la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard, Xavier Chavarot arborait un grand sourire: «Je suis heureux de revenir dans une région qui me plaît après deux ans passés à Reims» (CL du 15 décembre 2006). Il venait d'arriver à Cognac pour rejoindre la patrouille d'apparat de la BA et devenir à son tour instructeur. Hier matin, sur le coup de 11h30, c'est dans cette même Charente, qu'il avait découverte en 1999 comme élève pilote, que le
jeune lieutenant de 26 ans a trouvé la mort en plein entraînement.
Que s'est-il passé? «On sait juste que cela faisait sept minutes que les trois avions de la patrouille avaient décollé. Quelques instants avant le drame, les trois pilotes venaient de faire un "éclatement" -séquence de vol où les trois appareils, après avoir volé très près, se séparent en étoile, ndlr-», explique le colonel de Cugnac, commandant de la base.
Ses deux coéquipiers ne l'avaient plus dans leur champ de vision et n'ont rien vu du drame. Ils n'ont pas vu l'Epsilon s'abîmer au sol, heurter un tas de gravats et de pierres qui jouxte le chemin de ronde. L'avion-école s'est disloqué sous le choc, terminant sa course dans un champ mitoyen après avoir arraché la clôture de la base sur plusieurs mètres.
Les débris de l'appareil jonchaient le sol dans un rayon d'une centaine de mètres autour du point d'impact.
Ce dramatique accident est le premier à endeuiller la patrouille née sur la BA709 le 2 juin 1989.
Hier, tout le personnel de la base était sous le choc. Les membres de la patrouille en tête, mais aussi tous ceux qui travaillent aux côtés de la conjointe du jeune pilote décédé, également militaire sur le site. «Nous avons tout de suite mis en place une cellule d'aide psychologique pour ses proches, ses collègues et sa famille qui est arrivée en fin de journée de la région toulousaine», indique le commandant de la base.
Le lieutenant Xavier Chavarot était entré dans l'armée de l'air en 1999, avait ensuite été breveté chasse en 2002 avant d'être affecté à l'escadron de reconnaissance «Savoie» de Reims où il était devenu sous-chef de patrouille à bord d'un Mirage F1 CR, avec lequel il avait participé à des missions extérieures en Côte d'Ivoire puis au Tchad. «C'était quelqu'un de très expérimenté, de très équilibré, qui totalisait près de 1.500 heures de vol», ajoute le colonel de Cugnac.
Enquêtes judiciaire et militaire :
Hier, comme lors du dernier accident mortel d'un avion de l'école de pilotage cognaçaise, en mars 2004 à Asnières-sur-Nouère qui avaient coûté la vie à un instructeur et son élève, une double enquête a été ouverte. L'une judiciaire, placée sous l'autorité du procureur de la République Pierre-Yves Couilleau; l'autre, technique, confiée au bureau enquêtes et accidents défense dont les représentants sont arrivés en soirée de Paris.
«L'enquête judiciaire que j'ai ouverte est placée sous la direction de la section judiciaire de la gendarmerie de l'air», précise Pierre-Yves Couilleau, qui a passé une bonne partie de l'après-midi sur les lieux du drame. Il a également demandé une autopsie du corps du lieutenant Chavarot. Elle aura lieu aujourd'hui.
L'enquête judiciaire, ouverte avec un dépôt de plainte contre X pour homicide involontaire, est partie pour durer «entre quatre à six mois», selon le procureur. Le temps que les premières conclusions de l'enquête technique tombent et soient jointes au dossier.
Une cérémonie militaire aura lieu bientôt pour honorer le lieutenant Xavier Chavarot, qui a grandi dans le Cantal où l'émotion était vive dans le petit aéro-club de ses débuts. Il aurait fêté ses 27 ans le 1er août.
«Je ne sais pas ce que le leader de la patrouille, le capitaine Bruno Lechatrier, décidera pour la suite de la saison de meetings pour laquelle ils répétaient..., soupire le colonel de Cugnac. Mais chez ces pilotes, chevronnés, la passion l'emporte sur la mort.»
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Sincères condoléances à la famille, aux amis, et aux Dorés...
