Le n° du 14 janvier 2015 de militaryaerospace.com précise que la division US de BAE Systems a eu un contrat de 8,9 millions de $ pour développer un drone équipé d'un MAD et destiné à compléter le P-8A dans sa mission ASW. Ce programme est baptisé HAASW-UTAS (pour Hiçgh Altitude Anti-Submarine warfare - Unmanned Targeting Air System). Le dessin montre un petit drone ressemblant assez au Scan Eagle, avec une hélice propulsive. Je suis un peu surpris par la faible masse du drone, mais peut-être un MAD peut-il être miniaturisé? Je ne sais pas si un largage depuis le P-8A lui-même est envisagé, ou si le drone sera largué par un bateau ou un hélicoptère.
En parallèle d'autres constructeurs ont travaillé la question (e.g. General Atomics avec le MQ-9A Reaper...)
3 remarques:
-c'est une option envisagée il y a assez longtemps mais le contrat n'a été signé qu'en 2015, alors que l'avion était déjà en service
-les documents Boeing disent en parallèle que la qualité des bouées acoustiques et des autres senseurs n'a pas fait intégrer un MAD dans l'avion
-si à l'usage cela s'est avéré gênant il est possible qu'on soit devant un programme de rattrapage
Le P-8A a été conçu pour opérer (i) à haute altitude; (ii) en réseau avec les MQ-4C Triton, les bateaux et les hélicoptères équipés de senseurs compatibles. Il y a donc à la fois changement de concept en lutte ASM et dépendance de systèmes US. Clairement Boeing annonce sur son site vouloir faire pour la PatMar ce que le F-35 fait (ou essaie de faire) pour l'aviation de combat: être hégémonique.
La haute altitude permet de: (i) diminuer la consommation de pétrole; (ii) réduire les fatigues structurelles; (iii) réduire l'exposition au sel et la corrosion induite; (iv) peut-être améliorer la survie en cas de tir d'un missile anti-aérien à changement de surface?. En revanche elle oblige à développer des senseurs (MAD dronisé) et des armements (torpilles) adaptés. Intuitivement je me demande si elle est très adaptée au travail par petits fonds (zones côtières).
Le P-8A a l'avantage d'être produit en grande quantité (environ 120 pour l'US Navy, plus l'export) et d'être dérivé d'un avion civil dont les coûts de développement sont amortis depuis longtemps. Probablement la formation des pilotes et mécaniciens ou la logistique (pièces) peuvent-elles être mutualisées. Par ailleurs l'avion est conçu à la base pour avoir une disponibilité élevée.
Un A-319 ou A-320 PatMar est bien sûr imaginable, avec les mêmes avantages. Il faudrait néanmoins transformer la cellule assez profondément (soute à armements), revoir le câblage, la génération d'énergie. Les capteurs ne sont pas le problème (on sait faire en Europe). Les armements (larguer une torpille de 10 000 ou 15 000 ft ce n'est pas pareil que de 300 ft!). En somme, les mêmes difficultés qu'a eues Boeing mais avec une série forcément beaucoup plus limitée.
Quel marché?
États-Unis: P-8A
Japon: P1
Australie: P-8A
Royaume-Uni: P-8A (9 commandés)
Inde: P-8A
Norvège: P-8A (5 commandés)
Nouvelle-Zélande: P-8A (4 commandés)
Corée du Sud, Turquie, Malaisie ont exprimé de l'intérêt pour le P-8A.
Italie: ATR 72-600... mais intérêt pour le P-8A si volonté/crédits de revenir vers le spectre haut
Espagne: C-295MRA.
Le Portugal fera sans doute le choix du Casa quand ses Orion seront usés jusqu'à la corde.
La Grèce a stocké ses P-3C faute de crédits pour les faire voler.
Les Pays-Bas n'ont plus de PatMar.
Donc restent: France et Allemagne.
A la louche, çà ne me semble pas jouable financièrement.
Resteraient pour la France 3 options:
-renoncer au spectre haut (ATR, Casa, Falcon?): difficile pour la crédibilité de la FOS
-acheter sur étagère (du P-8A p.ex.!) à condition que les marins (du ciel) valident le concept haute altitude
-développer un ATL3 sur la même base cellule, remotorisé, avec des senseurs nouveaux très interfacés, peut-être un équipage un peu réduit (oui je sais ça a des inconvénients et les marins n'aiment pas trop l'idée, mais bon...). Ce sera cher (il faut reconstruire des chaînes) pour une petite vingtaine d'avions, peut-être 30 si l'Allemagne veut jouer aussi.