Un Atlantique II s'abîme en bout de piste
Plus de peur que de mal hier après-midi en bout de piste à Lann Bihoué. Aucun des onze membres d'équipage de l'appareil de la 24F n'a été blessé.
Sa silhouette est familière dans le ciel lorientais. Hier après-midi, l'un des Atlantique II de la 24 F effectuait une mission d'entraînement au-dessus de Lann Bihoué. Un exercice dit de « touch en go » qui consiste à poser rapidement les roues d'un appareil sur la piste avant de remettre les gaz pour redécoller immédiatement. Pour une raison indéterminée, les pilotes ont dû interrompre ce cycle et ont tenté d'immobiliser l'avion. Mais celui-ci a poursuivi sa course jusqu'au bout de la piste 07-250, franchi le talutage de bout de piste, traversé la petite route intérieure qui ceinture la base avant de s'immobiliser brutalement, le nez dans l'herbe et le train-avant effacé sous le fuselage.
Moins de deux minutes après l'accident, les services de sécurité de l'aérodrome étaient sur place pour arroser les moteurs de neige carbonique et procéder à l'évacuation de l'équipage composé de onze personnes dont deux pilotes et mécanicien de bord, présents dans le cockpit. Aucun blessé n'est à déplorer.
Parmi les tout premiers sur les lieux, le capitaine de vaisseau Stéphane Verwaerde, pacha de la BAN de Lann Bihoué, recevra dès aujourd'hui les enquêteurs du Bureau enquête accident Défense (BEAD). « Il leur appartiendra de déterminer si une défaillance technique ou un problème de management de la procédure est à l'origine du problème. C'est une enquête qui se fait en toute transparence ».
La 24F de Lann Bihoué à laquelle appartient l'appareil accidenté avait fêté en mai dernier les 15 ans de l'Atlantique II. « Nous totalisons plus de 100 000 heures de vol sur cet avion sans le moindre incident », rappelle le capitaine de vaisseau Verwaerde. La piste ouest-est de Lann-Bihoué mesure 2 460 m. Hier, il a juste manqué une centaine de mètres à l'avion de la patrouille maritime pour s'arrêter sans casse.
L'aéroport provisoirement fermé
Dès l'accident connu, tout le trafic, civil comme militaire, a été interrompu à Lann Bihoué et les avions déroutés vers d'autres aéroports bretons. Dans la soirée, quelques avions militaires ont pu regagner leur base en empruntant la piste secondaire. Celle-ci n'est cependant pas prévue pour recevoir des appareils de fort tonnage. Hier soir, la Chambre de commerce et la direction de l'aviation civile étudiaient donc les conditions de fonctionnement de l'aéroport dans les prochaines heures. La piste principale ne sera pas rouverte tant que l'avion accidenté n'aura pas été dégagé de l'axe de décollage.
Une opération délicate, ne cache pas le commandant de la BAN : « Il nous faut enlever l'appareil avec précautions pour ne pas l'endommager davantage et sans effacer des éléments utiles à l'enquête. » Un engin de levage et probablement un bulldozer seront nécessaires pour ramener sur la piste les 46 tonnes du gros oiseau blessé.
(c) Ouest-France