--> UN INSIGNE, UNE UNITE -->
« AUNIS »

Du Junkers 88 au C-135

Maintenant que tous les ravitailleurs en vol de l’armée de l’air sont regroupés à Istres sous la seule coupe du 93ème ERV « Bretagne », on oublie peu à peu que, il y a près de 40 ans, trois escadrons de ravitaillement en vol (ERV) ont eu la charge de mettre en œuvre les C-135F, puis 20 ans plus tard, leur version rénovée, le C-135FR.

Parmi ces trois unités, une a repris l’insigne qui était celui d’une unité des Forces aériennes de l’Atlantique (FAA), l’ERV «4/91 puis 1/91 « Aunis ». Mais revenons un peu sur le passé… En 1944 et après le débarquement des Alliés en Normandie, des poches allemandes s’opposent durement à la libération de Royan, Graves et de la Rochelle. Des unités aériennes sont peu à peu regroupées au sein du Groupement « Patrie », créées à partir d’éléments FFI, récupérant des aéronefs divers et variés abandonnés par l’occupant dans le sud-ouest de la France. Ainsi se forme en octobre 1944 le Groupe de bombardement I/31 « Aunis » dotés de 16 Junkers 88, lui même issu du Groupe FFI « Dor ». Il participe dès sa constitution aux combats meurtriers qui aboutissent à l’élimination des réduits allemands sur la côte atlantique, avant d’être dissous en juillet 1945. L’insigne du GB I/31 est sans rapport avec le GB I/31 qui existait durant la Bataille de France de 1940 et sa définition héraldique est la suivante : « écu de gueules à une perdrix d’or couronnée du même ». En effet, cet insigne n’est autre que celui de la province d’Aunis, la zone géographique qui vit l’intervention des appareils du GB I/31 des FAA en 1944. A l’époque, l’écu porte directement la mention « GB I/31 AUNIS ».

Ces traditions, insigne et nom de baptême, sont reprises en juillet 1965 avec la création de l’ERV 4/93 « Aunis » d’Istres, équipé de Boeing C-135F, au sein de la 93ème Escadre. Par ailleurs, ce dernier est aussi déclaré héritier des escadrilles de traditions SAL 10 (un porc-épic) et SAL 277 (un rapace dans un fer à cheval) issues de la 1ère guerre mondiale et constituant les traditions tant du « premier » sur LéO 451 que du « second » GB I/31 sur Ju88. L’insigne à la perdrix d’or est enfin homologué sous le numéro A930 le 23 décembre 1965. A la « grande restructuration » des Forces aériennes stratégiques en juillet 1976, l’« Aunis » devient l’ERV 1/93 et c’est sous cette identité qu’il sera dissous, toujours à Istres, en août 1996. Auparavant, les équipages de l’« Aunis » auront sillonné les cieux du monde entier, participé à la Guerre du Golfe et à de nombreux déploiements tchadiens, mais aussi assuré sans faille le soutien de tous les avions de combat de l’armée de l’air et parmi eux, priorité absolue, du bombardier nucléaire Mirage IV.

©Bernard Palmieri